4. févr., 2022

EDF : Quand on n'a que les syndicalistes qu'on mérite!!

Ce mercredi 26 janvier 2022, 40% des agents EDF, selon les chiffres relayés dans les médias, ont « débrayés », répondant favorablement à l’appel à la grève des syndicats d’EDF. Sachant que le mercredi, plus de 50% des agents sont en RTT. Il ne s’agirait donc que 40% des 50% soit... Peut-être 20% des agents EDF...
Par ailleurs, fait remarquable, il est à noter qu’il s’agissait là d’un appel de tous les syndicats, soutenus par la direction.
Cet appel à la grève fait suite à l’annonce du gouvernement d'accroître le gouffre abyssal de la dette d’EDF de 8 milliards d’euros. Toutefois, compte tenu du contexte sanitaire, cet effort demandé à EDF peut sembler légitime pour que la facture d’électricité des Français les plus précaires n’augmente pas au-delà de 4%.
Dans les faits, au-delà de ces considérations « bassement sociétales », cette demande semble impérative pour espérer ne pas saborder définitivement la réélection de Macron 1er.
8 milliards pour EDF, plus 8 milliards pour le gouvernement... 16 milliards... Une paille !! Que finalement, tout le monde paiera !!

Il est vrai qu’entre le fiasco de l’EPR, la fermeture de Fessenheim, le démantèlement d’EDF pour coller au dogme de la concurrence, 5 tranches à l’arrêt pour un cout de plus d’1,5 million par jour et par tranche... EDF n’est plus à 8 milliards près !
Il faudra bien que tôt ou tard, que quelques-uns épongent !
 
J’ai ma petite idée à ce sujet. On est tout de même en droit de se demander pourquoi les syndicats historiques d’EDF viennent nous faire c.… pour quelques milliards de plus – 8 milliards pour un déficit abyssal de 42,3 milliards pour aider les « petits consommateurs ». Alors qu’EDF jette les milliards par la fenêtre depuis des années, voire des décennies avec l’EPR, la revente à perte à des fournisseurs alternatifs, la fermeture de Fessenheim, etc.… !
En effet, cela n’est en rien une nouveauté qu’EDF est un des derniers puits sans fond de l’UE d’une part et de l’État français d’autre part.
La réponse est peut-être que, tout simplement les syndicats historiques d’EDF appellent à la grève parce que ces syndicalistes peuvent encore se permettre de faire grève ?!

 Pourtant, habituellement, n’est-ce pas ces mêmes syndicats qui revendiquent à qui veut l’entendre, qu’il faut « dans un élan de solidarité nationale » - participer activement à l’effort de guerre. Ce n’est à plus rien y comprendre !

 Ah ! Mais, cette fois ci, il ne s’agit pas de la guerre contre le virus – dont Macron use telle une arme contre les Français, mais de la guerre grossière que la Macronie mène sur tous les fronts aux services publics, sans oublier aucun d’eux.

Car, si à ce jour, il n’a pas ouvertement élaboré un plan de licenciement dans les règles à EDF, il a trouvé le moyen d’en faire un à l’hôpital public. Tous les moyens sont bons pour liquider ce qui reste des institutions créées après-guerre sous giron étatique, y compris EDF.

Alors, dans un « en même temps » bien rodé, après la SNCF, après l’hôpital public, après l’éducation nationale…, que ce gouvernement a eu à cœur de détruire pendant ces cinq années avec une accélération exponentielle sur ces deux dernières années, c’est aujourd’hui le tour d’EDF SA à qui ce dernier entend finir de mettre les points sur les « i ».

Et là, par principe, les syndicats, à l’écoute du mot d’ordre des détachés syndicaux à plein temps d’EDF, privilégiés parmi privilégiés, car ayant négociés leurs conditions récurrentes d’avancement poussent les agents EDF à rechigner d’aider leurs concitoyens à ne pas faire exploser leur facture d’électricité.

On croit rêver ! C’est-à-dire que ceux qui payent l’électricité à 10% du prix fort, trouvent normal de jeter des millions dans des technologies obsolètes et corrodées avant même leur mise en service telle que l’EPR et trouvent normal de ne pas soutenir les lanceurs d’alerte, mais trouvent anormal l’effort de solidarité avec des concitoyens dont la facture risque d’exploser.

En conséquence, cette attitude de « pauvres petits gosses riches » qu’adoptent ces syndicats, alertant sur la « perte » de 8 milliards pour l’entreprise ressemble plus à un caprice de sale gosse craignant qu’on lui enlève le pain de la bouche mais qui redoute dans les faits de voir s’envoler ses propres avantages.
Nantis parmi les nantis, ils ne craignent que pour eux !
Quelle honte !

Dans les faits, ces appeleurs à la grève voient arriver par ces annonces :  
-      un, la mise en place accélérée de grilles salariales qui verront la revalorisation des salaires (NR) passer de 2,4% à 1% *
-      deux, le retour à grands pas d’Hercule.
Voilà leurs craintes !

Et j’en parle en connaissance de cause. Pour les avoir pratiqués de près du fait de mon statut de lanceur d’alerte dans le cadre de fraudes à l’ASN, il est indéniable que les détachés syndicaux attachent plus d’importance à négocier des accords pour leur gueule de « salarié protégé » que la protection de salariés maltraités par des managers pervers, incultes et cyniques de plus en plus souvent recrutés pour ses qualités très recherchées à l’image d’une certaine Macronie.

Bref, force est de constater que le syndicalisme de combat est bien mort à EDF, et il suffit de lire le dernier « accord d’égalité pro 21-25 » pour s’en convaincre.

Ces dernières décennies, les directions peuvent se féliciter d’avoir « bien œuvré », car, il ne reste plus qu’en majorité, - il ne s’agit pas de jeter le bébé avec l’eau du bain-, qu’un syndicalisme de connivence, appelé plus élégamment, syndicalisme de « accompagnement ».
Cependant, j’aime à préciser que je connais encore quelques FEMMES (Sonia se reconnaitra) et quelques HOMMES (les hommes de Sud-Énergie se reconnaitront) de convictions qui ont des couilles et que je remercie chaleureusement. Les mots de « services publics » résonnent et raisonnent encore à leurs oreilles et ça, ça fait du bien !
 
Ce syndicalisme dit d’« accompagnement » ou de "cogestion" étant aujourd’hui majoritairement répandu, c’est bien la principale raison pour laquelle la direction a suivi le mouvement de ce mercredi. Étant tous « culs et chemises » et de surcroit actionnaires à titre presque gracieux de l’entreprise EDF, leurs dividendes à tous vont vraisemblablement être impactés de ce « sacrifice »... Voilà la vraie solidarité !

Cela étant dit, je ne vois pour leur ultime défense, qu’il est exact que ce fonctionnement du marché d’électricité, loi NOME, ARENTH, est plus qu’aberrant. Toutefois, il est à noter que « les petits consommateurs » n’y sont pour rien d’autant qu’ils ont voté majoritairement (à 54,68%) contre la constitution européenne en 2005, refusant l’abandon de la souveraineté nationale Française, avec en fond la crainte de voir ce qui se passe, c’est-à-dire, la fin des services publics à la française.

Mais, optimiste je suis, optimiste et je reste. Je vois le verre à moitié plein. Si dans cet effort de solidarité de 8 milliards pour EDF, quelques agents EDF aveuglés depuis des décennies par leur petit confort de nantis commencent à ouvrir les yeux et voient dans cette décision leur reflet de vaches à lait. Ce pourquoi ils n’auraient pas tort. Je suis sûre qu’ils n’auront pas tout perdu, ayant pris le soin de faire embaucher leur gosse en apprentissage dans ce qui reste de cette belle entreprise !
D’ici là, je crains que le gouvernement ait délité définitivement l’ensemble des services publics jusqu’à ce que mort s'ensuive, mais ce n’est là que mon avis !

Sophie Dejoué, le 28 janvier 2022


. *Or, pour faire simple, les augmentations de salaires des délégués syndicaux sont indexées sur les augmentations des collèges homologues.